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Narcisse ? Narcisse… … Mais oui ! Ce fils d’une déesse, si beau qu’il ne put tomber amoureux que de sa propre image. Si dévoué à sa beauté qu’il mourut de n’avoir pu s’en saisir. Pour un Abravanel, c’est le nom qui compte : « Basta que mi nombre sea Abravanel. », dit la devise familiale. Ce qui donne, traduit littéralement de l’espagnol : « Il suffit que mon nom soit Abravanel », ou encore : « Il me suffit de m’appeler Abravanel. » Traduisez : « Et le monde m’appartient ! » Jean-Christophe Attias, dans Mémoires juives d'Espagne et du Portugal, écrit : être membre d'une telle lignée n'est pas peu de chose. C'est bien ce dont témoigne, ironiquement, une locution de la langue vernaculaire des descendants des expulsés de 1492 : « basta mi nombre sea de Abravanel ». Il suffit [pour que je mérite des égards] que mon nom soit Abravanel. Se disant par moquerie de celui qui, sans avoir de qualités spéciales. veut se prévaloir du prestige des siens ou simplement d'un grand nom, une telle formule trahit indirectement la place que les Abravanel en sont venus à occuper dans la mémoire populaire sépharade. Ce sens du lignage et de la famille a. en cette fin de XXe siècle, de remarquables prolongements. Tout à la fois sacrifiant à une mode toute récente et renouant avec un souci typiquement juif du yihus (lignage), comme les Carasso en France. les Shaprut ou les Meyuhas en Israël, les Abravanel du monde entier ont récemment témoigné d'un attachement renouvelé à leur nom et à leur lignée. Aux Etats-Unis, Allan R. Abravanel a fondé The Abravanel Family Newsletter, où l'on peut apprendre, entre autres exemples, qu'un Abravanel a failli devenir président du Brésil ou que Max Nordau (1849-1923). le leader sioniste. descendait du célèbre Isaac. Le 21 mars 1992. 130 Abravanel venus des quatre coins de la planète. fêtant à leur façon le cinq-centième anniversaire de l'expulsion des Juifs d'Espagne. se sont réunis en congrès New York donnant au chef d'orchestre américain Maurice Abravanel l'occasion de déclarer : « Avec un tel nom de famille. nous ne saurions être humbles. Tout ce que nous pouvons, c'est vivre de telle façon que notre illustre prédécesseur puisse être fier de nous. Les représentants de la famille se sentent en fait investis d'une véritable a mission ». Cette dimension aristocratique, généalogique, totémique ne constitue que l'un des aspects vertical. du mythe Abravanel. Ce même Maurice Abravanel racontait une anecdote à la fois amusante et édifiante. Jusqu’à la musique produite par le seul nom Abravanel devait inspirer les plus grands. Alors que Beethoven ne savait pas comment commencer sa 5e symphonie, il entendit ce nom, Abravanel, raconte le chef d’orchestre. Il se mit alors à scander le nom en séparant les syllabes, appuyant sur chacune et spécialement la dernière : Ah-brah-vah-NEL !!!
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